Psychologie du langage 4ème cours 22.11.99
LES SUPPORTS LINGUISTIQUES
L’impact visuel d’un texte peut soit être traité dans le cerveau mentalement, soit interprété vocalement.
De même un message vocal peut être en mode sortie après avoir passé par les processus de traitement de la pensée et du langage.
On parle alors de sortie articulatoire.
L’impact auditif d’un son peut soit être traité dans le cerveau mentalement, soit être interprété vocalement ou graphiquement comme une dictée.
De même un message écrit peut être en mode sortie après être passé par les processus de traitement de la pensée et du langage.
On parle alors de sortie graphique.
Support |
Production |
Réception |
la parole |
le système phono-articulatoire |
le système auditif le système visuel |
l’écrit |
le système manuel la machine à écrire |
le système visuel |
les signes |
la main la machine |
le système visuel |
le braille |
la main la machine |
le système tactile (doigts) |
le code morse |
la main la machine |
le système auditif le système visuel |
Un spectrogramme :
photographie d'un spectre lumineux, obtenu au spectrographe, appareil qui permet d'enregistrer ce spectre, par photographie ou d'autres procédés, après avoir produit et sélectionné des radiations visibles et invisibles.
Sur ce spectrogramme on voit l’analyse des mots : " rapid writing ".
Ces deux mots ont été prononcés en 720 msec.
Les fréquences en Hz se situent entre 0 et 4'000
Le schéma suivant présente le déplacement des particules d’air et leur séquence perçue par l’oreille.
Sur ce schéma on peut observer l’amplitude du son [i :] par unité de fréquence (Hz)
Ces 3 dessins représentent la même fréquence à des amplitudes différentes [
amplitude : écart entre la valeur maximale et la valeur minimale d'une valeur variant cycliquement]
La figure suivante est une représentation d’un diagramme tridimensionnel de la forme spectrographique des mots " rapid writing " :
Illustration des formants des voyelles :
Le texte ci-joint de Denis Autesserre est tiré du thème phonétique de l’Encyclopaedia Universalis, et explique entre autres les formants.
Transmission de la parole
Les progrès réalisés dans la théorie acoustique, au XIX
e siècle, avec les travaux de J. Fourier (applicables à la décomposition analytique des vibrations sonores complexes), la "théorie de la résonance" de H. von Helmholtz et la "théorie des formants" de L. Hermann ont permis l’essor de la phonétique acoustique. Deux types d’appareils sont appliqués à l’étude de l’onde sonore: d’abord l’oscillographe, puis le sonagraphe (encore appelé "visible speech"). L’acoustique est entrée dans l’âge de la synthèse: on fabrique de la parole artificielle à partir des paramètres acoustiques dégagés par l’analyse et au moyen de ces nouvelles machines parlantes que sont les différents types de synthétiseurs modernes (Vocoder, pattern play-back , synthétiseur à formants ou encore synthèse par ordinateur avec convertisseur digital-analogique).Le larynx, par écartement et rapprochement des cordes vocales, sectionne la colonne d’air provenant des poumons en une suite d’impulsions qui forment l’onde sonore. Si ces mouvements d’ouverture et de fermeture surviennent cent fois par seconde, le son laryngé ainsi produit aura une fréquence fondamentale de 100 cycles par seconde ou 100
hertz (fréquence moyenne d’une voix d’homme: elle est à peu près du double pour une voix de femme). Les variations de cette fréquence fondamentale dans le discours (substance de l’intonation) s’effectuent dans certaines limites selon les individus et chez un même individu en fonction des besoins linguistiques. On peut assimiler les cordes vocales à une source produisant le son laryngé, onde triangulaire complexe riche en harmoniques, et le conduit vocal à un tube résonnant, d’une longueur moyenne de 17,5 cm, fermé à un orifice (glotte) et ouvert à l’autre (lèvres). Pour un tube de cette longueur, des résonances sont prévisibles à 500, 1500, 2500 hertz, etc. (fréquences proches de celles de la voyelle française [œ] dans "leur"). Mais les différentes constrictions engendrées par les mouvements de la langue, du voile du palais, des lèvres, modifient la forme de ce tube. Les cavités supralaryngées délimitées à la suite de ces modifications sont autant de résonateurs ayant chacun leur courbe de résonance spécifique. De ce fait, lors du passage de l’onde sonore à l’intérieur de ces cavités, certaines zones d’harmoniques se trouvent amplifiées: ce sont les formants dont les valeurs permettent de différencier les timbres vocaliques. Le premier formant (F1 en abrégé), qui correspond à la zone de fréquences la plus basse, est lié au volume de la cavité pharyngale. Par contre, le résonateur buccal, toujours plus court, amplifie les harmoniques plus aigus du deuxième formant (F2). L’intervention d’une cavité supplémentaire (fosses nasales) pour la production des voyelles nasales entraîne un amortissement et donne lieu à des phénomènes de contre-résonance. Dans le cas des voyelles orales, les valeurs des deux formants, contrôlées à la synthèse par les équipes de recherche des laboratoires Haskins (États-Unis) et vérifiées par des tests auditifs, permettent d’établir le trapèze acoustique des voyelles cardinales.Les indices acoustiques nécessaires à la perception des consonnes sont dégagés selon le même processus que pour les voyelles et peuvent être mis aussi en corrélation avec leurs caractéristiques articulatoires. Les constrictions au niveau buccal créent un bruit de friction (bruit blanc). La distinction des consonnes constrictives entre elles se fait selon la valeur globale de l’énergie de ce bruit et la répartition des différentes zones d’énergie dans le spectre (représentation des fréquences en fonction de leur intensité). Ainsi, par exemple, pour [f] l’énergie est assez faible et répartie sur tout le spectre, pour [s] elle est plus forte et se concentre dans les fréquences hautes. La zone de fréquences à laquelle se situe le bruit d’explosion constitue déjà un moyen de différencier les consonnes occlusives entre elles mais le rôle essentiel est assumé par la variation des formants des voyelles subséquentes au contact de la consonne: la transition. Cette dernière intervient tout à la fois par sa longueur, l’angle qu’elle fait avec la partie horizontale du formant vocalique, sa direction montante ou descendante (on dit encore positive ou négative). La transition du F
1 indique le mode d’articulation (la distinction sourde sonore est aussi représentée par la "barre de voisement"). La transition du F2 permet de retrouver les différents lieux d’articulation (labial, dental, vélaire). Les transitions des formants vocaliques qui, par leur direction, contribuent à la perception du même lieu d’articulation convergent vers un point appelé locus consonantique. Ces transitions visualisent sur un document acoustique le trajet de la langue allant de la consonne à la voyelle et démontrent ainsi une fois de plus les rapports qui existent entre la production des sons et leur analyse acoustique. La manifestation physique des faits prosodiques (accent, ton, intonation) est mieux connue depuis l’utilisation d’appareils d’analyse nouvellement conçus: détecteur de mélodie et intensimètre logarithmique et de systèmes de synthèse (type Intonator, entre autres, qui permet d’attribuer différentes courbes mélodiques à une même phrase).Les principaux indices acoustiques des voyelles et des consonnes sont maintenant connus. Cependant, la préférence accordée à certains types de synthèse, le désir d’obtenir une parole synthétique de meilleure qualité donnent lieu à des recherches complémentaires dans certains domaines (par exemple celui de la source sonore). L’introduction de l’intonation dans les phrases synthétisées n’est pas étrangère non plus à ces préoccupations.
Les différents systèmes d’écriture
Les systèmes d’écriture peuvent se grouper en 2 grandes classes :
Avec de grandes importances de sons
Avec de moindres importances de sons
Exemples de différents systèmes d’écriture :
Un graphème est une lettre ou un groupe de lettres (diagramme, trigramme) pouvant être lue(s) comme un seul phonème.
Graphème : unité graphique minimale d'un code linguistique écrit
Exemple :
Un graphème composé d’une seule lettre :
graphème : " o "
phonème : /o/
Un graphème composé d’un groupe de lettres :
graphème : " eau "
phonème : /o/
Un phonème n’est pas une lettre ! On appelle phonème l’unité distinctive minimale.
Exemple d’écriture cypriote :
Il y a 4 types de rapports entre les graphèmes et les phonèmes :
Rapport simple : 1 phonème – 1 graphème /b/ - b
Rapport convergent : 1 phonème – multiples graphèmes /o/ - " eau "
" o "
" aut "
" aux "
" os "
Rapport divergent : multiples phonèmes – 1 graphème /k/ - c
/s/ - c
Rapport complexe : multiples phonèmes – multiples graphèmes
/k/- c
/s/ - c
/s/ - s
Les homographes, homophones et homonymes :
Homographes : mots s’écrivant de la même manière mais dont le sens est différent
Exemple : " les fils de Pierre "
" les fils de laine "
Homophones : mots se prononçant de la même manière mais dont le sens est différent
Exemple : " sceau, seau, sot, saut "
" compte, conte, comte "
" dessein, dessin "
Homonymes : mots qui s’écrivent de la même manière et/ou qui se prononcent de la même manière mais dont le sens est différent
Exemple : " été " (la saison et/ou le participe passé du verbe être)
" car " (le véhicule et/ou la conjonction)
Différences entre le langage oral et le langage écrit
La priorité phylogénétique du langage parlé :
Chez l’espèce humaine, le langage parlé a précédé le langage écrit.
La priorité ontogénétiquue du langage parlé :
Chez l’enfant, le langage parlé précède le langage écrit.
Le caractère universel du langage parlé :
Le langage parlé est universel, mais le langage écrit ne l’est pas.
Les systèmes d’orthographe
Un système d’orthographe superficiel :
Un rapport simple et direct entre les phonèmes et les graphèmes
Exemple : la langue italienne, espagnole, serbo-croate
Un système d’orthographe profond :
Un rapport complexe entre les phonèmes et les graphèmes
Exemple : la langue anglaise, française
ghoti (fish), cough [f], women [i], nation [sh]
Quelques différences entre la parole et l’écrit
la parole |
l’écrit |
|
propriétés de l’entrée |
continu variable éphémère |
discrète constante permanente |
propriétés des récepteurs : |
||
le nombre |
25’000 |
130'000’000 |
information traitée (bits/sec) |
10’000 |
4'300’000 |
nature de la saisie de l’information |
séquentielle |
parallèle |
contrôle de l’information |
non |
oui |
vitesse de traitement (mots/min.) |
125-175 à 300 |
250-600 normal 1000 max |
Langue des signes iconique des amérindiens
American sign language (ASL)
Signes contrastant seulement dans la configuration de la main, selon un rapport arbitraire entre le signifiant et le signifié
C’est une écriture discrète, donc elle ressemble plus à l’écrit qu’à l’oral.