Psychologie du langage 2ème cours 8.11.99
CARACTERISTIQUES SPECIFIQUES DE
LA COMMUNICATION HUMAINE ET DU LANGAGE
LES TRAITS DE LA COMMUNICATION HUMAINE
Le modèle le plus simple des propriétés de la langue :
Un locuteur qui transmet un message à un Interlocuteur.
Locuteur / Interlocuteur
Interchangeabilité
Chaque membre adulte d’une communauté est à la fois locuteur et interlocuteur.
Apprentissage
L’humain peut acquérir n’importe quelle langue (et même plus d’une langue) à l’opposé des abeilles, par exemple, qui ne peuvent varier leurs danses. (Sauf encore le coucou qui peut imiter d’autres oiseaux !)
Réflexion sur la langue
Capacité métalinguistique (comprendre le fonctionnent et la structure d’une langue)
Message / Modalité
Transmission auditivo-vocale
Par la parole (demande peu d’énergie et laisse de la place à d’autres activités en même temps). C’est une fonction autonome.
Transmission à distance et réception
Signal oral transmis dans toutes les directions (pour des raisons de propriétés physiques du son, mais qui ne sont pas identiques à la langue des signes ou l’écriture manuelle).
Cependant, le récepteur est capable de localiser son origine dans l’espace.
Les types de signaux
Les caractéristiques de " l’arbre de sagesse " sont présentés par
L’intention de communiquer : Indice vs. Signal
À titre opératoire, appliquons au corps le modèle construit pour la communication verbale par Roman Jakobson : "Le destinateur
envoie un message au destinataire . Pour être opérant,Chacun de ces six facteurs donne naissance à une fonction différente:
Indice :
L’indice est un fait immédiatement perceptible qui nous fait connaître quelque chose à propos d’un autre fait qui ne l’est pas.Signal : Le signal est un fait produit artificiellement et intentionnellement pour servir d’indice.
La nature arbitraire ou motivée : Symbole vs. Signe
Symbole : Le symbole est une signal iconique, un rapport direct et motivé existe entre le signal et son interprétation.
Signe : Le signe est une signal arbitraire, aucun rapport direct mais un rapport arbitraire existe entre le signal et son interprétation.
La nature linguistique ou non-linguistique :
Signes linguistiques :
- signifiant et signifié
Les propriétés de la langue
Propriétés du signe linguistique
Dualité
2 composantes des signes
l’image acoustique
le concept sémantique
Rapport arbitraire entre le signifiant et le signifié :
Onomatopées |
Idéophones |
Des onomatopées sont des mots dont le signifiant et le signifié ont un rapport motivé. Exemples : cris d’animaux : (miaou, ouaf) langue des BD’s : POW ! paf ! animaux : cocorico ! coucou ! Les onomatopées sont rares mais il y a des différences entre les langues. En japonais, par ex. il y a 3 fois plus d’onomatopées qu’en français. |
Des idéophones sont des associations entre les sons et des idées.
Exemples : /sl/ : dénote une condition déplaisante : slimmy, sloppy, slug |
Le même dessin d’une " maison " qui est le signifié
pourra être défini par les signifiants : maison, house, casa, Haus, hàz, etc.
Conventionalité
La conventionalité repose sur un accord collectif
La langue est arbitraire et conventionnelle :
" Si par rapport à l’idée qu’il représente, le signifiant apparaît comme librement choisi, en revanche, par rapport à la communauté linguistique qui l’emplie, il n’est pas libre, mais il est imposé " F. de Saussure
C’est pourquoi des patients aphasiques, donc ayant perdu l’élocution n’arrivent plus associer le concept maison et à dire " maison ". Le mot est sur le bout de la langue !
Productivité
Le système de productivité permet l’envoi de nouveaux messages, qu’il est toujours possible de produire et de comprendre un message qui n’a encore jamais été produit.
Le langage est un système créatif ou productif.
De nouveaux messages linguistiques peuvent être produits et compris facilement grâce à la productivité de trois différents niveaux linguistiques.
La double articulation selon Martinet :
Productivité de la phonologie
qu’on appelle la deuxième articulation :
Avec peu de sons ou de phonèmes, il est possible de construire beaucoup de morphèmes.
Un principe exponentiel définit le nombre maximal de mots.
Le Nombre de mots possibles (N) de Longueur (L) possible avec un Inventaire de phonèmes (I)
N = IL
Un exemple : Longueur (L) = 2 phonèmes
Inventaire (I) = 2 (0,1)
N = 22 = 4
Mots avec L = 2 : 00 01 10 11
Mots avec L = 1 : 0 1
Total : 6 mots possibles dans la langue
Mais il y a des contraintes phonotactiques qui limitent les séquences légales dans la langue. Il n’y a pas 8 consonnes à la suite, mais de préférence alternance entre consonnes et voyelles.
Productivité de la morphologie
qu’on appelle la première articulation :
Le morphème est la plus petite unité de sens. Il se présente sous 3 types :
inflexions : travaill + er + ons
chien + s
dérivations : inter + nation + al
mots composés : sage femme
A partir du stock de morphèmes disponibles et compte tenu des règles de combinaisons autorisées par chaque langue, on peut fabriquer tous les mots qu’on veut et leur affecter un sens.
Référence : Marina Yagello : Alice au pays du langage
Exemple de productivité de la morphologie : Les néologismes
Il y a une infinité de mots possibles.
Les néologismes sont des mots nouveaux
Quelques exemples :
le genre : libre-pensrice (féminin de libre-penseur)
la classe syntactique : fourire (avoir un fou-rire)
candidater (poser sa candidature)
musiquer (jouer de la musique)
mauvaise analyse : bikini > monokini
dialogue > trilogue
nouveau suffixe : nik dans spoutnik
peacenik
beatnik
mot-valise : cocacolaniser (boire un coca-cola)
smog
en allemand : Donaudampfschiffahrtsgesellschaft (Société de Navigation des bateaux à vapeur du Danube)
Productivité de la syntaxe
La possibilité de produire des énoncés comportant des emboîtements ou des enchaînements en nombre infini est une caractéristique essentielle du langage.
La règle de récursivité :
" Je sais que tu sais que je sais que tu sais que je sais que cette phrase est impossible à comprendre. "
Il existe un décalage entre le potentiel du langage et les réalisations des locuteurs.
Tradition : transmission culturelle : les conventions linguistiques sont transmises par l’enseignement et l’apprentissage , et non pas génétiquement.
Références :
New York : McGraw Hill. 1973
Paris : A. Colin. 1974
Wiesbaden : O. Hanassowitz. 1974
Paris : Seuil. 1981