Psychologie clinique 13ème cours 03.02.00

Carl Gustav JUNG (suite)

Jung accordait une grande importance aux crises existentielles. Lui-même l'a vécu vers 40 ans. Ceux qui s'intéressent à Jung, passent intellectuellement par une crise existentielle.

Cette crise existentielle tourne autour du besoin d'acquérir une transcendance du self, par une écoute intérieure. Cette transcendance est acquise avec les années.

Ses patients étaient souvent des artistes. Jung constate que, vers 40 ans, la recherche est plutôt spirituelle. On appellerait aujourd'hui : une recherche Jungienne. C'est l'âge de la contemplation, de l'introspection.

La théorie Jungienne

Il a toujours pratiqué en free-lance, il niait les techniques. Il favorisait l'écoute. Sa rage était de se battre contre la classification psycho-thérapeutique. Pour lui, la théorie psychanalytique doit être transitoire et non dogmatique.

Il était totalement bizarre, non orthodoxe, il procédait d'une manière un jour, et changeait le lendemain.

Parmi ces méthodes célèbres il y avait le cas de la femme insomniaque : Jung lui chantait une berceuse comme à un enfant. Ou bien cette autre femme qui venait le consulter avec des questions spirituelles : il lui enseignait la Bible et lui faisait faire des examens !

C'était un thérapeute hors pair, le plus artistique, le moins scientifique. Il avait une touche créative artistique, esthétique. Il disait aux étudiants : "Apprenez la théorie, mais abandonnez-la dès que vous touchez à l'âme humaine !"

Pour lui l'empathie était indispensable.

Il expliquait sa théorie en 4 points (lui aussi !) :

  1. confession
  2. élucidation
  3. éducation
  4. transformation
  1. Confession : pour lui c'est un acte d'humilité qui favorise le transfert.
  2. Elucidation : par l'élucidation il analyse le transfert.
  3. Education : pour lui, l'important est d'éduquer la personne à intégrer la société et à généraliser ses acquis dans le champ social
  4. Transformation : elle provient des 3 autres points qu'il considère comme nobles, par la transformation les personnes arrivent à transcender. C'est une alchimie de la personne. C'est une intégration de tous les aspects de la personnalité en vue de l'harmonie intérieure, dont le but ultime est l'acceptation de la mort.

 

 

Ses Techniques :

Il analyse les rêves et y décèle les symboles, il chercher à capturer le mystère de l'âme humaine. Il est fascinant dans ses livres !

Pratique clinique :

Son influence est limitée dans les institutions.

Par contre il suscite un intérêt intellectuel sur le marché ,où l'offre tient une place beaucoup plus grande. Les thérapeutes Jungiens sont recherchés pour le sens du voyage spirituel, la transcendance. Beaucoup de thérapeutes ont intégré l'approche Jungienne.

Parmi ses autres techniques :

Pour notre prof :

Il est outré de n'avoir jamais eu de cours sur Jung pendant 10 ans d'études !

La grande-tante de notre prof, Madame Amalia Jaffé est coauteur avec Jung de sa biographie !

Nous avons donc vu Alfred Adler, Sigmund Freud et Carl Gustav Jung qui sont considérés comme les pères, voire les grands-pères de la psychologie.

Tous les autres découlent de ramifications de ces 3 personnages clés.

Caren HORNEY

C'est une femme connue dans le champ de la psychanalyse culturelle. Elle est à la mode pour ses courants sexistes !

C'est la 1ère femme psychanalyste à avoir critiqué Freud !

1885 (All) - 1952 (USA)

Elle ne se sentait pas aimée de ses parents. Elle pensait qu'il était moche et complexée.

Elle a donc compensé dans les études. Résultat : elle est l'une des 1ère femmes à avoir accompli des études de médecine en Allemagne. Elle s'est battue contre un monde essentiellement masculin, et elle est devenue la 1ère de classe !

Elle jonglait avec la famille, les études, la profession et la vie sociale. Puis elle a sombré dans la déprime et le découragement. Elle a fait une psychanalyse avec Carl Abraham. Résultat : elle divorce !

(Karl Abraham (1877-1925) psychanalyste allemand, un des plus fidèles et des plus orthodoxes disciples de Freud. En 1913 il est de ceux qui critiquent Jung.

Elle s'engouffre dans l'étude de la psychanalyse et elle devient psychanalyste.

Elle part aux USA jusqu'à la fin de sa carrière et sa mort.

 

 

Anecdote :

En 1923, elle est la 1ère femme à critiquer l'idée de "l'envie du pénis" de Freud.

Elle propose des aménagements théoriques :

Freud a trop mis l'accent sur le sexe et la biologie.

La psyché et les émotions sont dépendants de la culture !

Ce n'est pas la libido qui est le moteur, mais

c'est le besoin de sécurité affective indispensable qui nous conduit. Si nous sommes agressifs c'est parce qu'on est obligés de se défendre pour protéger notre sentiment de sécurité. Ces besoins sont importants car on garde ces angoisses dès la naissance. Le monde est hostile, sous différentes forces incontrôlables. On est dans l'impuissance totale. On garde des traces de l'accouchement dans l'inconscient. Dans le contexte relationnel de la dyade mère-enfant, l'enfant naît dans l'interaction qui est la voie de survie de l'enfant, sur le plan psychique. Le comportement des parents est déterminant pour le développement ultérieur.

Quand la dyade est inadéquate, on développe l'angoisse de base qui s'exprime par l'hostilité de base : c'est le fondement des symptômes névrotiques.

La source est donc la mauvaise dyade et les turbulences œdipiennes.

Cette angoisse de base c'est être continuellement impuissant. On développe une hostilité contre les autres. Les restes d'espoir de l'enfant sont à préserver. On garde le sentiment de devoir tenir sur ses gardes pour conserver la sécurité acquise.

L'angoisse de base est quelque chose pour lequel on n'est pas démonstratif. On développe une tendance au refoulement.

L'hostilité se développe dans le cas où l'on a une grande colère. Celle-ci aliène l'autre et par revers on perd son affection.

On est dans un cercle vicieux :

C'est la théorie de la névrose de Karen Horney.

Si on a compris ce schéma, alors on a compris Karen Horney, donc on a compris l'être humain !

On développe un symptôme névrotique, donc on se sent inférieur. Par compensation on développe une image idéalisée de soi (même si c'est être menteurs ou travestis ! ) L'image idéalisé de Soi = Idéal du Moi + Moi idéal.

Cette image idéale est transformée en réalité. Certaines personnes ne manifestent pas bien, il vont revendiquer qui vous les positiviez en décalage à leur fonctionnement : par exemple de dire "Tu es super !" alors que la personne ne l'est pas. Cela induit la tyrannie des devoirs : "Je dois être parfait pour qu'on m'aime. Je dois être un modèle de…"

C'est la régulation narcissique qui pointe. C'est en filigrane. La tyrannie du devoir est d'atteindre les autres dans le but de se soustraire à la détresse. Le but est la recherche de la gloire, c'est le complexe de supériorité (selon Adler).

La théorie de Karen Horney rejoint celle d'Adler :

partir du négatif pour atteindre le positif, cette théorie est donc valable, même pour s'astreindre à la tyrannie du devoir.

Le problème c'est que les névrosés sont insatiables. Ils sont toujours à côté de leur Self. S'ils sont bien portants, ils sont au cœur de leur Self.

Si les névrosés se rendent compte, ils ont une déception narcissique qui déclenchera une haine envers eux-mêmes, à proportion parfois catastrophique.

On est tout le temps en interrelation avec l'autre. On a besoin de l'autre pour se déterminer soi-même.

Karen Horney propose :

  1. On se dirige vers l'autre docilement pour obtenir de l'affection
  2. On se dirige contre l'autre agressivement pour obtenir de l'affection
  3. On se détache de l'autre pour renoncer à l'autre.

On discerne donc 3 types :

  1. Le type docile :
  2. Les personnes de type docile ont besoin d'être aimés au-delà du possible, elles ont besoin d'être guidée, elles sont soumises mais non confiantes.

    Ces personnes sont prêts à être des paillassons, à répondre à toute les attentes de l'autre, et prêts à recevoir toutes les critiques.

  3. Le type agressif :
  4. Les personnes de type agressif ont besoin de pouvoir, de reconnaissance sociale, de prestige. Elles ont la croyance d'obtenir cette affection par la tyrannie.

  5. Le type détaché :

La personne de type détaché donne le change, prétend être autodépendante, autosuffisante. Elle n'a pas besoin de l'autre, elle est stoïque, elle est fière de son indépendance.

Dans l'esprit de Karen Horney, tout le monde fonctionne relativement sur les 3 modes alternativement en fonction des personnes devant nous.

Le névrosé est rigide et compulsif et il est exagéré sur un seul mode.

 

 

 

 

 

 

 

La théorie thérapeutique

Karen Horney a travaillé avec des femmes étudiantes. Les pathologies des femmes l'intéressaient plus. Elle décrit des prises en charge des personnes intellectuelles justement en prise avec l'autorité machiste d'avant guerre. L'hostilité est quasi permanente : les femmes sont enragées, méprisés, engagés dans des conflits avec les autres. Elles sont totalement soumises et conciliantes.

Elle les décrit sans enjoliver. Ce qu'elle fait avec elles, c'est éplucher leur Self et passer en revue chaque couche. Sont but est d'enlever le Self idéalisé. Car ce n'est quand prenant le Self réel que l'angoisse de base sera mieux gérée.

Un cas :

Une femme de 30 ans (en 1950), éditrice de magazine, est terrassée par une fatigue chronique qui interfère tant dans sa vie professionnelle que sociale. Elle est mariée à 23 ans, mais son mari meurt alors qu'elle n'a que 26 ans. Elle avait eu une belle vie relationnelle amoureuse avec son mari, et maintenant elle vit bien également la liaison amoureuse avec son nouvel ami.

Ce dont souffre cette femme c'est d'une modestie compulsive :

Modestie mais en plus elle a besoin que les autres reconnaissent son autorité. Elle est soumission extrême à son partenaire.

Sa modestie compulsive se traduit par le fait de considérer que les autres sont plus jolies, plus compétentes, elle ne peut pas avoir raison. Elle se culpabilise des tromperies de son mari. Elle ne fait jamais de dépenses pour elle-même.

Elle est relativement élevé dans son travail, mais elle ne donne pas d'ordres. Si elle en donne, elle s'excuse aussitôt.

Elle est surprise de pleurer en thérapie.

Il y a un décalage total entre son Self idéal et son Self réel. Elle n'ose pas s'imposer, elle panique, elle a des diarrhées subites quand elle panique, elle est au bord de la décompensation. Elle est étonnée de ses suggestions qui sont acceptées. Elle est silencieusement triomphante. Mais elle refuse les compliments.

Il y a un travail de soutien sur le plan narcissique à faire : "Oui, elle est ambitieuse, elle peut agir et elle est compétitive face aux autres !" Le but est de l'amener à l'insight. (insight : intuition soudaine de la solution d'un problème).

Son fantasme avec son partenaire est qu'il soit le maître absolu est elle, l'esclave. Elle est là pour le servir. Quand elle rêve de lui, il lui procure tout ce dont elle a besoin. C'est autre qui doit pouvoir la satisfaire en devinant ses besoins. Si elle s'impose, elle a peur de la rupture. C'est un cercle vicieux : elle se réfugie dans le refoulement et elle devient encore plus paillasson. Les symptômes névrotiques ressortent.

Dans la prise de conscience de son cercle vicieux, sa fatigue diminue. Elle se comprend mieux et s'accepte mieux en tant que femme.

Cela se passait il y a juste 50 ans en arrière !

 

Ce qu'il faut retenir de Karen Horney :

Eric FROMM (1922-1980)

Psychologue, sociologue, philosophe.

Il est dans le courant interpersonnaliste. Tout n'est pas biologique. L'être humain est façonné par le champ social, culturel, interpersonnel. Il contribue à ce courant.

Il a vécu en Suisse. C'est le premier psychologue non médecin. Il connaît Karen Horney. Il va à Berlin, Chicago, New York. Il renoue avec Karen Horney, mais elle le refuse car il n'est pas médecin !

Il fonde sa propre fondation. Il a un côté humanitaire en allant au Mexique. Départ de la psychanalyse. Retour en Suisse au Tessin jusqu'à sa mort en 1980. Il a travaillé à la revalorisation de la vie intellectuelle du Tessin. Les gens qui gravitent autour de la pensée de Jung entre 1970-1980, gravitent autour de lui.

Fromm critique chez Freud sa conception de la fonction intra-individuelle, or que pour Fromm c'est la fonction inter-individuelle.

L'élément le plus significatif de la vie est la dualité de l'humain.

L'homme est un monstre de la nature. On est des êtres somatiques, biologiques. Mais zut ! on est aussi muni de conscience ! Notre corps était lié à la Nature. On est poussé à être confronté contre elle.

Nous vivons un dilemme existentiel :

On a besoin d'attachement par la fonction biologique (cf. Konrad Lorenz et ses travaux sur l'attachement avec les oies).

Notre but est de se détacher, s'autonomiser des parents, du lien biologique. Mais l'attachement et ses besoins nous rattrape. Comment échapper à ce dilemme :

Fromm a proposé 8 besoins de bases :

  1. Nous avons tous besoin fondamentalement d'être en relation. Cette nécessité est basée sur le besoin physiologique, irrationnel de la mère. (Par analogie, c'est la trame, le "masque de saisie" en informatique sur lequel on construit tous les autres.)
  2. Le besoin de transcendance : Dépasser les limites de notre passive et utiliser notre conscience et notre raison pour devenir créateur depuis la nature de créature.
  3. Besoin d'identité : Chacun doit développer la notion d'identité.
  4. Besoin de s'orienter : essayer de comprendre le monde et sa structure.
  5. Besoin de nous dévouer pour un but
  6. Besoin incontournable de stimulation : notre cerveau a besoin de ressentir émotionnellement, socialement. Sinon on n'est pas bien.

La mère, la famille, la vie sociale sont imbriqués. Le but des parents est l'insertion de l'individu dans le monde.

Les pathologies sont dus aux parents manquants.

Sur le plan psychopathologique :

  1. Réceptif : Tout le bien est en dehors de soi
  1. Profiteur : Tous les besoins sont en dehors de soi, et on va prendre :

utiliser, forcer, agresser.

exemple-type : la relation extra-conjugale; le copieur. En vue macroscopique : les sociétés minières qui dévalisaient les mines.

  1. Accumulateur : Thésaurise, obstiné, ordonné, obsessionnel

4. Nécrophile : Vit dans la destruction, est attiré par la mort, le sang, le sale, le caca, l'obsession, la maladie, raciste, terroriste, abuseur sexuel. Sur le plan macro : aime les armes nucléaires. Sur le plan de l'idéal : Nazi

  1. Commercial : c'est un caractère particulier dans les sociétés industrialisés. Ils sont non productifs dans le sens que les autres ne sont que des marchandises à utiliser pour eux. On est commercialisé par les pubs sur le plan personnel individuel. On est à la mode. Narcissique vaporeux qui prend le dessus.

Fromm a eu une influence pédagogique dans le sens de l'interaction de l'individu sur la société.

Sa contribution en tant que philosophe et psychologue est intéressant.